29 juil. 2013

Réforme des retraites : on en est où ?

Par Aurélie Blondel pour VotreArgent.fr, publié le , mis à jour le 

La phase de concertations se termine, l'exécutif a désormais le mois d'août pour peaufiner sa réforme des retraites. En attendant l'annonce du projet de loi, VotreArgent fait le point sur les mesures qui semblent actées et les idées qui ne feront a priori pas mouche. 
Les partenaires sociaux en ont passé du temps, ces dernières semaines, à parler retraites avec le gouvernement ! A la conférence sociale des 20 et 21 juin. A Matignon les 4 et 5 juillet, avec Jean-Marc Ayrault. Au ministère des Affaires sociales depuis, avec Marisol Touraine. Voire, pour certains, chez Marylise Lebranchu, ministre de la Fonction publique. Des réunions qui ont toutefois laissé les syndicats sur leur faim, les ministres n'ayant pas dévoilé grand-chose de leurs intentions. Quelles mesures semblent privilégiées ? Lesquelles ont moins de chances de figurer dans la réforme ? Tour d'horizon. 
Les pistes " chouchou " du gouvernement
Mi-juin, une commission d'experts présidée par Yannick Moreau a rendu un rapport, un catalogue de propositions qui doit inspirer la réforme. Trois idées ont clairement une longueur d'avance : 
- Allonger la durée de cotisation
On n'y échappera pas ! François Hollande et Jean-Marc Ayrault l'ont dit à plusieurs reprises : ils comptent augmenter le nombre de trimestres requis pour une carrière complète. Mais difficile de dire à combien il sera porté et à quel rythme. Cette durée d'assurance est actuellement fixée à 41 ans et demi pour les générations 1955 et 1956. Le rapport Moreau évoque la possibilité de passer progressivement à 43 ou 44 ans. Via une hausse de un trimestre par génération ou toutes les deux générations. (Plus d'infos ici sur l'impact de la mesure.) 
- Améliorer la prise en compte de la pénibilité à l'heure de la retraite
Le dispositif de compensation de la pénibilité actuel étant jugé trop restrictif et peu adapté, le gouvernement a promis de le réformer et il semble intéressé par les pistes du rapport Moreau. L'idée : créer un " compte-pénibilité " que les assurés soumis à des emplois pénibles pourraient utiliser pour se reconvertir, passer à temps partiel en fin de carrière ou partir plus tôt. Pour en déterminer les bénéficiaires, on ne se baserait plus sur les maladies ou handicaps déjà déclarés au moment de la retraite, mais sur l'exposition à certains critères de pénibilité. Attention, il ne semble pas question d'autoriser ici des départs à la retraite avant l'âge légal, sauf peut-être pour ceux qui ont commencé tôt et répondraient aux critères du départ anticipé. (Plus d'infos ici sur la réforme envisagée.) 
- Augmenter la CSG des retraités
Pour dégager de nouvelles recettes, le rapport Moreau suggère d'aligner le taux de CSG pesant sur les pensions sur celui des actifs - 7,5 %. Une piste privilégiée par le gouvernement, mais uniquement pour les retraités taxés au taux fort de CSG, 6,6 %. (Plus d'infos ici sur ce que la mesure pourrait vous coûter.) 
Les idées qui pourraient séduire
D'autres propositions de la commission semblent à l'étude. Citons notamment la baisse de la déduction fiscale de 10 % accordée aux retraités lors du calcul de leur impôt sur le revenu. Deux voies : diminuer ce pourcentage ou baisser le plafond du dispositif. Si l'idée devait être reprise, la seconde option semble plus probable car elle viserait les pensions les plus élevées. Il est aussi question de fiscaliser les bonus de pension des parents d'au moins trois enfants
Quid des cotisations salariales et patronales ? Le gouvernement n'a pas dit s'il comptait les augmenter mais une légère hausse de 0,4 point de la cotisation déplafonnée est suggérée dans le rapport. Prélèvements obligatoires toujours, Marisol Touraine a abordé avec certains syndicats une dernière piste : augmenter la CSG des actifs. 
Le gouvernement pourrait aussi être tenté de modifier la prise en compte des enfants à l'heure de la retraite, pour aller vers un système plus redistributif. En créant pour les parents de trois enfants ou plus une majoration de pension forfaitaire et non plus proportionnelle. Une réforme plus ambitieuse pourrait être imaginée sur le long terme et aboutir au remplacement des trimestres de majoration accordés dès le premier enfant et du bonus des parents de trois enfants par une majoration de pension unique, là aussi forfaitaire. 
Enfin, des changements pourraient aussi envisagés dans la façon dont les trimestres sont comptabilisés, notamment pour les jeunes. Exemple : compter les stages. 
Les mesures qui ont moins la cote
Pour éviter la constitution d'un front syndical uni et ménager ses électeurs à la veille des municipales de 2014, le gouvernement devrait, on l'a vu, intégrer une dose de justice sociale dans sa réforme. Mais aussi s'interdire plusieurs mesures politiquement explosives : 
 
- Sous-indexer les pensionsde base pour les années à venir, c'est-à-dire ne pas compenser toute l'inflation. D'autant que c'est déjà le cas à l'Agirc-Arrco, les pensions complémentaires des salariés du privé. 
- Désindexer les salaires portés au compte. Plus d'infos ici sur cette piste technique qui serait douloureuse pour les futures retraités, et ici sur ce qu'elle pourrait vous coûter. 
- Changer le mode de calcul de la pension des fonctionnaires. 
Enfin, le timing serré de la réforme n'est pas du tout propice à une refonte en profondeur du système, par exemple au passage à un système unique à points.


En savoir plus
, cliquer sur la source : http://votreargent.lexpress.fr/retraite/reforme-des-retraites-on-en-est-ou_326449.html

24 juil. 2013

Le défi du maintien des seniors dans l’emploi, par Jean-Pierre Wiedmer, Président d'HSBC Assurances

Comment tenir compte du nécessaire allongement de la vie professionnelle et relever le taux d'emploi des seniors ? Comment adapter les dernières années de travail des seniors, qui seront appelés à quitter l'entreprise plus tard dans leur vie ? Quelles politiques de formation mettre en œuvre pour valoriser le capital de chaque salarié senior, que ce soit pour son maintien dans l'entreprise ou pour sa reconversion en externe ? Et, finalement, quelles règles souples imaginer pour permettre à chacun de trouver un environnement de travail adapté à ses besoins propres ?

Avant tout, précisons que le principal levier, peut-être le plus puissant, pour inciter les seniors à poursuivre leur activité professionnelle, est sans aucun doute le recul de l'âge de départ en retraite. En effet, pour un senior, le choix de cesser son activité dépend — en dehors de considérations liées à son état de santé ou à la pénibilité de son travail, qui ont également leur importance — d'un calcul économique, d'un arbitrage entre les revenus qu'il tire de son travail et ceux qu'il gagnerait une fois à la retraite. Les conditions qui déterminent l'accès à la retraite déterminent ainsi, dans une certaine mesure, la décision de maintien ou de cessation d'activité. Ce lien de cause à effet a d'ailleurs été clairement établi dans la plupart des pays qui ont, depuis quelques années, mis en œuvre des réformes de leurs régimes de retraite : elles ont induit une augmentation de l'offre de travail des seniors. Le durcissement des conditions de liquidation des pensions, le relèvement de l'âge légal du départ en retraite, l'augmentation du nombre d'années de cotisation nécessaires, la modulation de la période de référence dans le calcul de la pension, ou encore la remise en cause des dispositifs de départ anticipé, toutes ces décisions ont dissuadé les seniors de sortir du marché du travail. On a également constaté des effets indirects de même nature suite à la réforme des régimes d'assurance-chômage et d'invalidité.

En ce sens, l'élévation de l'âge du départ à la retraite, décidée en 2010, se traduit déjà par un effet positif sur le taux d'emploi des seniors. On a en effet constaté que l'âge de la retraite a induit un effet horizon, ou «  effet boomerang », sur l'emploi des travailleurs de plus de 55 ans, voire 50 ans. De fait, une retraite précoce crée un horizon court pour les travailleurs de plus de 55 ans, qui dans un futur proche quitteront l'entreprise. Cet horizon court a pour conséquence de diminuer l'emploi juste avant la retraite, dans la mesure où la proximité de la retraite réduit la rentabilité des investissements dans les seniors. Il s'agit d'un «  âge social » : un Français de 58 ans est plus «  vieux » qu'un Suédois du même âge, puisqu'il est plus proche de la retraite.

On se concentrera ici sur les mesures qui peuvent être mises en place au niveau inférieur, dans l'entreprise, et qui relèvent du choix de l'employeur. Plusieurs moyens peuvent être mis en œuvre : des mesures de préparation de fin de carrière et de flexibilité du temps de travail, le recours au temps partiel, des salaires déconnectés de l'ancienneté, la diminution du coût du travail des seniors par la baisse des charges, la sensibilisation du marché du travail, l'adaptation de l'organisation de la production et de la formation...
 

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La retraite tardive protégerait contre la maladie d'Alzheimer

En repoussant l'âge de la retraite de 60 à 65 ans, le risque de maladie d'Alzheimer diminue de 15%.


Et si l'adage selon lequel «moins on en fait et mieux on se porte» était -en partie- erroné? Une enquête française présentée lundi lors de la Conférence internationale de l'Association Alzheimer à Boston (États-Unis) pourrait remettre en cause notre perception souvent négative du travail.
L'analyse menée par l'Inserm, à l'initiative du Centre international sur la longévité (CIL), révèle que chaque année de travail en plus, après 60 ans, réduit de 3% le risque de souffrir un jour de la maladie d'Alzheimer. Alors que toutes les sociétés occidentales se voient contraintes de retarder l'âge de la retraite du fait d'une augmentation importante et linéaire de l'espérance de vie jamais vue dans l'histoire de l'humanité, cette étude apporte une sorte de lot de consolation aux salariés d'aujourd'hui qui travailleront plus longtemps que leurs parents. «C'est un travail très important qui doit inciter aussi les salariés à réfléchir sur le moment où ils prendront leur retraite», insiste le Pr François Forette, président du CIL-France.
L'enquête porte sur 429.000 personnes cotisant au RSI, une caisse qui gère à la fois les assurances-maladie et vieillesse des indépendants. Ce qui a permis aux chercheurs d'avoir accès à des données concernant à la fois l'âge au moment du départ à la retraite, mais aussi l'état de santé et en particulier l'existence ou non d'une maladie d'Alzheimer. L'analyse a porté sur l'année 2010, pour un groupe de personnes retraitées depuis douze ans en moyenne.

Recherches supplémentaires nécessaires

Il s'agissait de comparer le risque de souffrir d'une démence en fonction de l'âge au moment de la retraite. «Cela nous a permis d'observer que chaque fois qu'une personne travaille un an de plus, elle réduit le risque d'Alzheimer de 3%, ajoute le Pr Forette. Quand on repousse l'âge de départ de 60 à 65 ans, on réduit de 15% le risque de souffrir d'une maladie d'Alzheimer. C'est très important. Et si l'on va au-delà de 65 ans, la baisse du risque continue.» Ce travail qui devrait être publié en détail dans une revue scientifique ouvre de nouvelles perspectives dans la lutte contre cette maladie.
«Nos données montrent avec de fortes preuves une baisse du risque de démence avec un âge tardif de retraite, note l'auteur de l'étude, Carole Dufouil (Inserm), dans la ligne de use it or lose it.» Comment le travail peut-il exercer un effet protecteur? Pour Dean Hartley, directeur des initiatives scientifiques pour l'Association Alzheimer, des recherches supplémentaires sont nécessaires, à la fois pour vérifier cet effet, et aussi pour en comprendre tous les déterminants.
«Cette étude prolonge une croyance bien établie parmi les professionnels de santé selon laquelle l'activité physique et intellectuelle aide à réduire la détérioration mentale chez les personnes âgées, ajoute-t-il. Il faut que nous identifions maintenant aussi ce qui change dans le cerveau, au moment de la retraite.»
EN SAVOIR PLUS:
LIRE AUSSI:

Source : http://sante.lefigaro.fr/actualite/2013/07/16/20982-retraite-tardive-protegerait-contre-maladie-dalzheimer

Retraites : Touraine veut faire des économies sur le bonus famille nombreuse, les syndicats réagissent...



Après les révélations du quotidien L'Opinion sur un possible retrait du bonus famille dans le cadre de la réforme des retraites, Marisol Touraine a rencontré les syndicats inquiets.
Jugé trop coûteux par le Conseil d'orientation des retraite (COR), le bonus "famille nombreuse", pourrait définitivement disparaître dans le cadre de la réforme des retraites défendue par Marisol Touraine.
Selon les informations parues dans le journal L'Opinion du jeudi 18 juillet, la ministre des Affaires sociales souhaiterait le remplacer par un dispositif plus favorable aux femmes. Une mesure plus égalitaire qui pourrait faire aussi de nombreux perdants. Inquiets de ce retrait, des représentants syndicaux ont rencontré la ministre des Affaires sociales dans l'après-midi du 18 juillet pour lui faire part de leurs inquiétudes.
5,46 millions de bénéficiaires 
Aujourd'hui, une majorité des régimes de retraite obligatoires accorde aux mères et aux pères d’au moins 3 enfants une majoration de leur pension de retraite proportionnelle au montant de la pension versée, avec un taux de 10% pour 3 enfants et plus. Dans la fonction publique et les régimes spéciaux, s’y ajoute une majoration – 5% en général – par enfant supplémentaire au-delà du troisième.
Au total, le coût de cette majoration pour l'Etat représente 5,7 milliards d'euros pour l'ensemble des régimes de retraite de base. Selon le Conseil d'Orientation des retraites (Cor), la pension moyenne des hommes s'élève à 1.552 euros et celle des femmes à 899 euros, l'écart se réduisant avec les nouvelles générations. Problème : cette "majoration prolonge les inégalités subies par les femmes pendant leur carrière car elle avantage les personnes qui ont eu une carrière complète avec des revenus élevés", autrement dit les hommes, note l'Opinion. Du fait des interruptions liées à la grossesse et à l'éducation des enfants, les femmes ne disposent pas toujours de la totalité des trimestres requis pour une pension à taux plein, et doivent soit subir une forte décote, soit prendre leur retraite très tard.
Un nouveau forfait
Dans le cadre de la réforme des retraites, Marisol Touraine propose que cette majoration soit remplacée par un forfait mensuel d'un montant compris entre 70 et 100 euros versé dès le premier enfant. Mais il serait accordé seulement à la mère et non pas aux deux parents. "Les 10% de majoration accordés aux hommes ne seraient pas supprimés du jour au lendemain, mais diminués petit à petit (...) et après un certain temps, ce serait terminé et on redistribuerait plus aux femmes"
Autre nouveauté, ce forfait serait intégré dans le revenu imposable contrairement à l'ancien bonus qui n'est lui que soumis à la CSG et à la CRDS. Ce qui représente un coût pour l'Etat de 800 millions d'euros par an. En 2012, la Cour des comptes avait déjà réclamé une fiscalisation de la majoration pour 3 enfants.

Les syndicats inquiets 

Cette après-midi, à la sortie de leur entretien avec la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, les syndicats ont laissé exprimé leurs réserves sur la réforme, la CGT en tête: "Donner plus de justice OK, mais si c'est pour dire on change la formule et on supprime tout ce qui existe pour les hommes, là on va pas être d'accord", a affirmé à l'AFP Eric Aubin le porte-parole cégétiste sur les retraites.
De son côté, Pascale Coton, responsable du dossier retraites à la CFTC a voulu rassurer : "Les 10% de majoration accordés aux hommes ne seraient pas supprimés du jour au lendemain, mais diminués petit à petit (...) et après un certain temps, ce serait terminé et on redistribuerait plus aux femmes". 
De nombreux perdants
A l'approche de la remise du rapport Moreau sur la réforme des retraites au Premier ministre, en juin dernier, les organisations syndicales s'inquiétaient déjà de la mise en place de ce forfait qui ferait de nombreux "perdants" mais aussi et surtout des "gagnantes" précise l'Opinion. 
- Les premiers : "les pères de trois enfants surtout avec une bonne carrière qui subiront une double peine avec la forfaitisation et l'imposition et un certain nombre de fonctionnaires, parents de familles très nombreuses, dont le régime donne droit à 5% supplémentaire de pension par enfant à partir du quatrième". 
- Les secondes : "toutes les mères de un et deux enfants qui jusqu'ici n'avaient droit à aucun supplément sur leur retraite. Et les mères de trois enfants aux carrières incomplètes ou à bas salaires". Pour le gouvernement l'objectif est clair, la réforme des retraites doit rétablir les comptes mais aussi introduire plus de justice et d'équité. Avant le vote au Parlement d'ici la fin d'année, ce sera désormais chose faite. 
Source : http://www.challenges.fr/revue-de-presse/20130718.CHA2484/retraite-touraine-veut-faire-des-economies-sur-le-bonus-famille-nombreuse.html

Retraites : les mesures de justice à venir peuvent faire grimper la facture

En proposant un « forfait femme » pour compenser leur faible niveau de pension, l'exécutif entend corriger des inégalités de carrière. Mais il oublie l'injustice qui fâche le plus : les différences de mode de calcul public/privé.
Est-ce aux retraites, et plus précisément à la réforme en cours de préparation, de corriger toutes les inégalités ayant trait aux carrières? Le gouvernement et certains syndicats, CFDT en tête, répondent depuis longtemps par l'affirmative et on commence à en voir déjà les premières concrétisations. Ainsi pour corriger l'écart de pension entre les hommes et les femmes (600 euros en moyenne), Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, a proposé de supprimer la bonification de pension de 10 % pour les parents ayant élevé trois enfants et plus.
Le gouvernement a d'ailleurs fait de la correction des inégalités de carrière l'un des axes forts de communication de la réforme à venir. Mieux, dans le cadre de la concertation actuelle avec les partenaires sociaux, il y consacre même trois journées, contre deux la semaine dernière aux questions plus majeures de financement et de pilotage du système. Dans son viseur? Le niveau de pension des femmes bien entendu, mais aussi les salariés qui ont eu des métiers pénibles ou encore ceux qui ont cotisé à plusieurs régimes et qui en subissent des pertes de pension.
Reste que des inégalités - des dépenses supplémentaires qui ne règlent en rien le problème du besoin de financement de 20 milliards d'euros par an à horizon 2020 - il en existe beaucoup d'autres. Et si le gouvernement met vraiment le doigt dans cet engrenage, les Français risqueraient de perdre sur tous les tableaux car la note finale grimperait alors à vue d'œil. «On ne peut pas tout régler au moment de la retraite», rappelle d'ailleurs Éric Woerth, le député UMP de l'Oise et artisan de la réforme mise en œuvre en 2010. Et l'ancien ministre du Travail de revenir sur l'exemple des différences historiques de rémunération entre le public et le privé qui ont conduit à avoir aujourd'hui des modalités de calcul des pensions différentes: sur les six derniers mois de traitement pour les premiers, et sur les 25 meilleures années pour les seconds.

Le casse-tête de la pénibilité

Le maintien en l'état de l'avantage accordé aux fonctionnaires et salariés des régimes spéciaux est en effet justifié par le fait que les primes ne sont pas intégrées dans le calcul de la pension - seuls 20 % le sont et depuis 2003, donc sans effet pour l'instant sur le montant de la retraite - et qu'elles représentent une part importante de la rémunération de certains agents dans quelques ministères, comme l'Économie. «S'il y a trop de primes dans certains ministères, il faut revoir le système de rémunération des fonctionnaires», répond Éric Woerth. Pour ensuite mettre fin aux différences de mode de calcul, dit-il, en instaurant une convergence totale entre le public et le privé.
L'ex-ministre fait exactement la même analyse sur la pénibilité, qui tourne au casse-tête dès qu'on y intègre la notion de justice. «Il existe déjà le dispositif carrières longues pour ceux qui ont commencé à travailler tôt et qui peuvent partir plus tôt, ainsi que les mesures que nous avons prises en 2010», rappelle-t-il. Hors de question de passer à un système de «pénibilité par métier» automatique - le système actuel se base sur un taux d'incapacité constaté, avec dans certains cas une visite médicale de validation obligatoire à la clé - comme le préconise le rapport Moreau. «Un tel système serait ingérable, surtout que l'on a déjà intégré des critères comme le travail de nuit dans le dispositif de 2010», rappelle Éric Woerth. Et quid de la différence d'espérance de vie à la retraite entre les hommes et les femmes, liées non seulement à la durée d'activité plus longue des premiers dans des métiers bien plus difficiles physiquement: faut-il instaurer une bonification pour les seuls hommes ou une décote pour les femmes?

Mesures de justice à coût constant

Le gouvernement, qui a beaucoup communiqué sur l'aspect «justice et équité» de la réforme à venir, est donc maintenant face à un choix cornélien. Il doit non seulement tenir ses promesses s'il veut faire passer la pilule de la nécessaire hausse de la durée de cotisation et d'autres mesures douloureuses à court terme pour financer les déficits. Mais le faire sans exploser sans dégrader encore plus les finances des régimes de retraite. Pour financer son «forfait femme» - qui pourrait se monter à 70 ou 100 euros mensuels par enfant -, il a d'ailleurs prévu de le faire à coût constant dans une pure logique de redistribution. Bref de prendre aux uns, toujours les mêmes, pour donner aux autres…
  • Retraites : les mesures de justice à venir peuvent faire grimper la facture
  • En proposant un « forfait femme » pour compenser leur faible niveau de pension, l'exécutif entend corriger des inégalités de carrière. Mais il oublie l'injustice qui fâche le plus : les différences de mode de calcul public/privé.

Source : http://www.lefigaro.fr/retraite/2013/07/18/05004-20130718ARTFIG00396-retraites-les-mesures-de-justice-a-venir-peuvent-faire-grimper-la-facture.php